Jean-Michel Blanquer prétend vouloir « viser l’excellence », faire des lycées professionnels des « Harvard du pro », en réduisant les heures d’enseignements, en supprimant des postes et sans mettre un euro supplémentaire pour la rémunération des PLP. Il n’y a toujours pas d’enseignement de la philosophie en lycée professionnel, à quelques jours des examens, la conférence de presse du Ministre aurait pu fournir un sujet complexe aux élèves : peut-on viser l’excellence avec toujours moins ?

Attaques en règles sur les postes et les enseignements disciplinaires

            Au menu de la réforme annoncée la réécriture des grilles horaires de bac pro. Les nouvelles grilles horaires d’enseignement en bac pro reposeront sur trois blocs : des enseignements disciplinaires, des heures de co-intervention, une heure liée au projet d’orientation. Le tout dans un volume de 30 heures hebdomadaires de cours pour les élèves, contre 33,5 heures aujourd’hui pour les spécialités relevant de la grille 2 du BO spécial n°2 du 19 février 2009, et 34,5 heures pour celles de la grille 1. Soit, sur les trois ans du cycle, 294 heures d’enseignement en moins pour la grille 2, et 378 heures en moins pour la grille 1 : 9 à 11 semaines de cours en moins avec ce projet ! Après un an de formation en moins en 2009, voici près d’un trimestre de cours pour les élèves supprimé ! Si la co-intervention peut être bénéfique quand elle est mise en œuvre par des équipes volontaires, la financer en baissant les heures d’enseignement disciplinaires est un nouveau scandale contre les diplômes professionnels et les enseignant·es !

Enseignements généraux et professionnels affaiblis : une menace pour la qualité de la formation

La rénovation des grilles horaires s’accompagnera d’une réécriture des programmes : la vigilance s’impose quant à leurs contenus ! Les matières générales seront toutes touchées, ainsi que les matières professionnelles concernées par les regroupements dans des familles de métiers. En septembre 2019, trois familles de métiers seront identifiées :

-          Transports-logistique : avec notamment les bacs pros logistique et transport. D’autres spécialités pourraient être associées.

-          Bâtiment et travaux publics : avec notamment les spécialités travaux publics, gros-œuvre, intervention sur le patrimoine bâti (avec toutes les options maçonnerie, charpente…), ouvrage du bâtiment… 4 000 élèves concerné·es environ.

-          Commerce, vente, relations clients : avec notamment les spécialités vente, commerce, métiers de l’accueil (nouveau référentiel pour la spécialité ARCU). La spécialité gestion-administration ne serait pas intégrée à cette famille de métiers.

Cela va entraîner une déspécialisation des baccalauréats professionnels en phase avec les demandes du patronat en main d’œuvre polyvalente. C’est une dévalorisation de l’enseignement professionnel au prétexte d’améliorer le parcours d’orientation de l’élève. Pour promouvoir l’orientation des élèves encore faut-il que les différentes spécialités d’un même champ soient toutes enseignées dans l’établissement, que les rectorats aient les budgets pour financer des classes à effectifs fluctuants… Alors, ces secondes de détermination au bénéfice de qui : l’élève ou le patronat ?

Les PLP, une nouvelle fois non-revalorisé·es  

            Toutes ces annonces préparent des suppressions de postes (dans cette lettre un article spécifique sur le plan social prévu pour les PLP éco-gestion administration). Le développement proposé de l’apprentissage menace les PLP d’annualisation du temps de travail pour accueillir des publics aux rythmes différents de formation dans une même classe. Les rénovations des programmes vont entraîner une charge de travail extrêmement lourde pour les PLP…

            Dans le discours, les PLP et les lycées pro sont précieux pour le Ministre. Pourtant, aucune reconnaissance financière : pas d’alignement de l’ISS voie pro sur la pondération des voies générale et technologique du lycée, pas de classements des lycées professionnels en éducation prioritaire (pas de primes, pas d’accès à la classe exceptionnel possible sur ce critère pour les PLP), pas de réduction d’effectifs par classe…

 La CGT Educ’action propose immédiatement une intersyndicale afin de défendre dans l’unité l’intérêt des PLP et de la voie professionnelle !