Sous la pression européenne, le gouvernement socialiste souhaite engager des négociations pour tendre vers une énième réforme des retraites qui devrait, soit disant, assurer la stabilité des régimes des retraites par répartition, donc, leur financement. 

Qu’en est-il en réalité ? 

Le COR (Conseil d’Orientation des Retraites), sur lequel s’appuient tous les gouvernements pour justifier les réformes successives, au rythme de ses nombreux rapports (12ème rapport depuis sa création en 2000) ainsi que de ses notes diverses, nous prodigue les mêmes recommandations. Il faut toujours agir sur les mêmes leviers : 

  • Repousser encore une fois l’âge de départ en retraite (60 ans en 2003, 62 ans aujourd’hui) ; 
  • Continuer à augmenter la durée assurance (37,5 années en 2003 et déjà 41,5 années programmées en 2017) ; 
  • Désindexer les pensions des salaires (déjà fait) et des prix (c’est pour bientôt !) ; 
  • Augmenter les cotisations retraite (augmentation progressive déjà prévue pour les fonctionnaires, passage de 7,85 % en 2010, 8,76% aujourd'hui..., à 10,80% en 2020) ; 

Comme nous pouvons le constater, toutes les mesures qui ont été prises ou envisagées se font systématiquement au détriment des salariés. Pas une seule recommandation, pour mettre à contribution l’ensemble des richesses de notre pays (5ème puissance économique mondiale !), même à titre transitoire (taxation des dividendes des actionnaires, contribution exceptionnelle des plus aisés ou des entreprises du CAC 40…).
Le salarié, une fois retraité, devient un coût, donc, lui seul doit payer ! (pourtant, c’est lui qui a principalement contribué à créer la richesse de notre pays).

Quelle recommandation le gouvernement « socialiste » s’apprête-t-il à suivre ? Peut-être augmenter la durée d’assurance permettant de bénéficier d’une retraite dite à « taux plein », c'est-à-dire sans décote ? La durée d’espérance de vie s’allonge, mais, les gouvernants oublient de préciser que l’espérance de vie en bonne santé  a reculé depuis 2008. Elle s’arrête aujourd’hui à 61 ans ! 

La "vénérable" institution d’experts (le COR), qui au passage n’est composée que de 23% de femmes, estime, dans l’un de ses scénarios, que le système pourrait devenir excédentaire en 2060 si l’allongement de la durée d’assurance était programmé dans les conditions suivantes :

  • 41,75 ans à partir de la génération née en 1958,
  • 42 ans pour la génération née en 1962,
  • 43 ans pour la génération née en 1975,
  • 44 ans pour la génération née en 1989
  • et 44,75 ans pour la génération née en 2000.

Cela aurait pour effet une diminution du besoin de financement, obtenue par l’allongement de la durée d’assurance requise (- 0,3 point PIB en 2040, – 0,7 point en 2060). 

Concrètement, cela signifierait, par exemple, qu’un salarié entré sur le marché du travail en 2013, né en 1989, donc âgé de 24 ans aujourd’hui, ne pourra espérer bénéficier d’une retraite à taux plein qu’à l’âge de 68 ans, soit en 2057. De qui se moque-t-on ? 

C’est la politique de la défausse qui permet de se disculper et de faire diversion… Ainsi, l’exécutif, en s’appuyant sur les préconisations du COR, espère se dédouaner de ses responsabilités politiques. 

Pour sa part la CGT a toujours été claire dans ses propositions. Seul le retour au plein emploi permettra de financer les retraites. Tout doit être mis en œuvre pour atteindre cet objectif, et cessons de faire payer aux salariés les errements délibérés de la finance mondialisée. 

En matière de retraites, la CGT-Éduc’action revendique entre autres : 

  • Le droit à une retraite pleine et entière à 60 ans maximum après 37,5 années de cotisation, pour le public comme pour le privé avec une véritable prise en compte de la pénibilité pour un départ anticipé ;
  • Dans la Fonction publique, une pension équivalente au minimum à 75 % de la dernière rémunération, primes et indemnités comprises ; 
  • La suppression de tout système de décote ; 
  • Une cotisation retraite de la part patronale assise sur une assiette intégrant toutes les richesses créées ; 
  • Un taux de pension de réversion à 75 % sans plafond de ressource pour les ayants droit ; 
  • Le maintien du minimum garanti à tous les fonctionnaires ou du minimum contributif à tous les salariés du privé, sans l’obligation d’avoir la durée d'assurance nécessaire pour bénéficier du taux plein.