Depuis plusieurs semaines, les voix de milliers de femmes victimes de violences sexuelles s’élèvent. Au travail, dans les associations, les commissariats et sur les réseaux sociaux, les femmes racontent les violences subies et leur parole permet, enfin, de faire bouger toute une société...

 Après des décennies de minoration, les verrous sautent enfin. Pourtant, ce fait social massif était déjà bien documenté : près de 580.000 femmes adultes sont victimes de violences sexuelles chaque année et  123 femmes sont mortes sous les coups de leur compagnon ou ex compagnon l’an dernier. Les ressorts sont à chaque fois les mêmes : des rapports de force et de domination d’hommes sur des femmes. Pour la CGT, ces violences sont le résultat d’un système, le patriarcat, entretenu par  le système capitaliste.  Un système auquel n’échappe aucun champ de la société, et notamment celui du travail. Alors comment dire quand la société refuse d’entendre ? Selon le Défenseur des droits, 40% des femmes qui dénoncent des faits d’agressions ou de harcèlement sexuels sur leur lieu de travail perdent leurs emplois. Une double peine scandaleuse.

 La honte change de camp

 Nos sociétés acculent les victimes à vivre ces violences sexuelles de manière éminemment personnelle. Les injonctions sociales tendent à leur faire porter une part de responsabilité qui les conduit irrémédiablement à un sentiment de culpabilité. C’est ce que les courants féministes appellent la « culture du viol » ou l’idée d’une banalisation voire d’une forme d’acceptation. Mais aujourd’hui, on voit naître une mise en commun des récits. Ce n’est plus une expérience individuelle mais une question collective, systémique, qui donne les moyens à un certain nombre de femmes de porter plainte.

 En octobre dernier, les plaintes ont augmenté de 23% en commissariat et de 30% en gendarmerie par rapport à 2016. De 1000 plaintes dans les années 70, 10.000 sont déposées aujourd’hui. Plus de plaintes ne signifient pas pour autant plus de faits. Ce que la société a longtemps toléré devient-il enfin inacceptable ? Il semble en effet que les plus jeunes envisagent désormais comme de la violence des actes qui avaient longtemps relevé de l’ordre des choses établies. Le rôle de l’Ecole dans l’éducation à l’égalité filles-garçons est absolument primordial pour la CGT Educ’action.

 Un plan national en deçà de l’enjeu

 Fin novembre, le président de la République a présenté son plan de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Après des déclarations grandiloquentes faisant des femmes la grande cause nationale de son mandat, son discours se voulait engagé. Plusieurs mesures ont été annoncées, telles dix unités de psycho-traumatologie dans les centres hospitaliers, l’augmentation des délais de prescription pour les mineur.es, la fixation à 15 ans de l’âge minimal de consentement, ou des modules dans les écoles consacrés à la prévention et à la lutte contre le sexisme et les violences faites aux femmes. Sauf que ces nombreuses mesures ne sont accompagnées d’aucun financement supplémentaire.

Pour la CGT et de nombreuses associations, cela rend ce plan irréalisable et n’en fait qu’une opération de communication.

 Pour la CGT Educ’action, la lutte contre les stéréotypes filles-garçons dès le plus jeune âge est un levier indispensable de transformation de la société. Pour gagner ce pari, des moyens significatifs doivent être consacrés à la prévention et l’éducation de la jeunesse.

 La CGT demande une loi-cadre contre les violences et le sexisme, qui inclut :

  • le renforcement de l’arsenal juridique, la fin de l’impunité et la protection des victimes ;
  • la prévention et l’éducation à l’égalité, au respect et à la vie affective et sexuelle dès le plus jeune âge ;
  • la formation des professionnel·les aux violences sexuelles et sexistes